Zoom sur les « Mamies foot » : Olga, nouvelle licenciée de l’US Castanet

Publié le 07/10/2019

Elle, qui n’a jamais approché le sport autrement qu’au travers de matches de rugby au Stadium, s’est senti une âme de gamine quand elle a gardé les buts de cette équipe française de « mamies ». Du coup, elle va rejoindre l’école de foot féminin castanéenne !

Leur histoire a ému des dizaines de milliers de personnes en France au tout début de l’été dernier. Le 19 juin, dans le cadre de la Coupe du monde féminine, une équipe française de
femmes âgées de 55 à 85 ans a affronté les « Vakhegula vakhegula », des femmes d’Afrique du Sud, sur le stade Salif Keita de Saint-Etienne, tout proche de Geoffroy-Guichard. L’événement n’a duré que deux fois vingt minutes, normal à cet âge-là, et le score restera anecdotique, car les sud-africaines sont plus d’un millier à pratiquer le football depuis une
dizaine d’années, dans leur région au nord de Pretoria, quand les « Mamies foot », comme on les a surnommées dans l’Hexagone, n’ont eu que deux ou trois jours d’entraînement, voire même d’initiation, avant cette rencontre historique, qui a fait le tour de la planète grâce aux réseaux sociaux. On aurait pu penser que l’histoire s’arrêterait là. Qu’elle serait un merveilleux et fantastique souvenir. Mais c’est mal connaître ces drôles de dames, qui y ont pris goût !

 

« Ma mère m’a dit que j’étais folle »

Trois mois après ce match, Olga Lefort, 58 ans, une toulousaine du quartier des Arènes, ancienne ouvrière de la Cartoucherie, vient en effet de prendre sa licence à l’US Castanet, où elle devrait essayer de s’entraîner avec l’école de foot féminine du club ! Olga, c’était la gardienne de but de cette équipe française entrée dans l’histoire, et c’est aussi l’une des « mamies » qui ont décidé de ne pas en rester là. Nous avions pris rendez-vous avec elle au club-house de l’USC, un mercredi après-midi et, dès son arrivée dans les locaux, Gérard Garcia, éducateur emblématique des gardiens de l’école de foot, a griffonné quelques traits sur une feuille, pour lui expliquer les premiers rudiments. Puis Jean-Luc Mercadal, l’un des dirigeants du club, a évoqué avec elle le football en marchant, une variante venue d’Angleterre qui semble se développer dans l’Hexagone. Dans la continuité, nous sommes allés voir le deuxième entraînement de la saison des très jeunes filles, avec lesquelles Olga a posé pour la postérité. C’est avec ces petits bouts de femme qu’elle pourrait bien s’initier. Et c’est au bord du terrain qu’elle a fait la connaissance d’une dirigeante bénévole, prête à franchir le pas, à s’entraîner elle aussi, en compagnie de quelques femmes de sa connaissance ! « C’est super », nous confirme Marine Cossoul, responsable du pôle féminin au sein de l’USC. « Je suis à l’origine de ce projet, et j’espère bien qu’elles vont venir nombreuses. Je vais intégrer Olga avec les U8 féminines, lui faire faire de la motricité, des étirements, un apprentissage technique aussi, pour voir où elle en est ». Du coup, de retour au club-house, Olga Lefort a fait sa demande de licence auprès de Jean-Pierre Rellier, l’historique secrétaire général ! « Je ne peux pas courir, alors le football en
marchant m’intéresse beaucoup », nous a-t-elle expliqué, décidée à franchir le pas. « Je n’ai jamais fait de sport de ma vie, juste de la marche avec des bâtons. Quand j’ai répondu à l’appel lancé par le directeur général des Sénioriales, Benjamin Misery, ma mère, âgée de 85 ans, m’a dit que j’étais folle. Mais mes enfants m’ont dit vas-y. Et mon fils nous a entraîné, avec Wanda Borini qui habite aussi à Castanet et qui était de l’aventure en juin dernier ».

 

« Ouvrir le sport à notre génération »
L’aventure, le mot n’est pas trop fort. « Nous sommes dix-huit à avoir répondu au défi lancé par le directeur des Sénioriales, un passionné de foot. Les sud-africaines venaient en France soutenir leur équipe nationale, elles ont assisté à leurs trois matches, au Havre, au Parc des Princes et à Montpellier contre l’Allemagne. Au mois de mai, nous avons été rassemblées à Saint-Mandé, près de Paris, pendant trois jours, pour de petits entraînements avec l’ancien entraîneur de Levallois, Philippe Delpech. Nous avons d’abord appris à nous connaître, et aussi ce qu’est un terrain. Parce qu’il n’y en avait que trois ou quatre qui avaient un peu joué, jeunes ». L’organisation se met en place. Les « mamies foot » assistent au match de Montpellier, le 17 juin, avec leurs adversaires, les « grannies soccer ». Puis elles s’entraînent avec elles à Nîmes. « C’est là que nous avons fait la connaissance de Mami Beka, une femme exceptionnelle, en rémission d’un cancer du colon et qui a eu l’idée de créer ces équipes de foot dans sa région du Limpopo ». Entre ces sexagénaires, pour les plus jeunes, ou octogénaires, pour les plus âgées, le courant passe. Elles vont jouer ce drôle de match au pied du « Chaudron Vert » dans une ambiance délirante, « sans le moindre accident », précise Olga. Se séparer, bientôt, tout en restant en contact via les réseaux sociaux, « même si personne ne parle anglais », sourit Olga, se promettre de se revoir puisqu’on parle d’un match retour en 2021. « Je dis à toutes mes coéquipières de prendre une licence dans un club, ne serait-ce que pour l’assurance en cas d’accident. Mais, surtout, ce que nous voulons, c’est ouvrir le sport à notre génération, et maintenir le lien inter-générationnel ». De la parole aux actes. Olga a pris sa licence à l’USC, elle va bientôt participer aux séances de l’école de foot, dès que ses ennuis musculaires l’auront oublié. Avec d’autres femmes, elles vont s’organiser sur Castanet pour trouver de futures coéquipières. Il restera à formaliser tout ça, peut-être au travers du foot en marchant. Elles ont le temps, l’avenir leur appartient.

 

Article : Patrick Boudreault

Photo : Bernard Espada

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Par Mathieu Fontez

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