Saint-Orens : les copains d’abord
Publié le 07/02/2019
Article paru dans la rubrique « LE CLUB DU MOIS » du mois de Janvier du
LFO MAG, Le magazine mensuel de la Ligue de Football d’Occitanie
Saint-Orens : les copains d’abord
Ce ne sont pas les joueurs du FC Sète (National 2) qui vous diront le contraire: le millésime 2018-2019 du Saint-Orens Football Club (R2) ne s’apprivoise pas facilement, et, en cette mi-novembre, la qualification des Dauphins pour le 8e tour de la coupe de France tient alors du miracle, un but contre son camp dans les arrêts de jeu des prolongations, lors que le score était de 1-1 !
C’est le football. Passée la déception, les banlieusards toulousains ont retenu le positif. Sur le moment, un complexe Gustave-Plantade archi-plein, une belle ambiance, et l’invitation des Héraultais à venir les voir au tour suivant, quand ils éliminèrent Rodez (N1, 2-0). Mais surtout, surtout, la confirmation que l’équipe première avait de quoi bien figurer sur tous les terrains, cette saison.
LFO Mag est allé à la rencontre du président Jean-Guy Boaro, en poste depuis 1996 (!), et du créateur de l’école de football, André Leroy, au club depuis… 52 ans.
– Président, votre club a disputé en novembre dernier et pour la première
fois de son histoire un 7e tour de la coupe de France, le premier tour
fédéral…
«Oui, effectivement. Nous étions arrivés au 6e tour en 2016-2017, battus par Balma, la même année où nous sommes allés jusqu’en quarts de finale de la coupe du Midi. Et la saison précédente, nous étions arrivés en demi-finale de cette même coupe du Midi.
Même si nous faisons tourner l’effectif en coupe du Midi, jouer un match de coupe est toujours mieux que de chercher des amicaux».
– Etes-vous devenus une équipe de Coupe ?
«Jusqu’à il y a peu, non, pas vraiment, on se faisait toujours sortir au 1er, au 2e ou au 3e tour. Mais c’est vrai que depuis trois ou quatre ans, c’est mieux. Il y a longtemps que j’attendais ça, parce que c’est le bon moyen de sortir du train-train, les joueurs sont motivés, les spectateurs viennent voir».
– Quels sont vos objectifs cette saison ?
«Concernant les seniors, le maintien de l’équipe première en R2 et la montée de l’équipe réserve qui joue aujourd’hui en D3. Mais avant tout, nous voulons une super école de foot. Nos U17 sont montés cette saison en R2, l’apprentissage est difficile, et nos U19 sont premiers de leur poule de D2.
Il y a une très bonne entente entre les entraîneurs des équipes seniors et nous avons fait le ménage dans l’effectif, en écartant des joueurs qui n’étaient pas dans l’esprit du club. Nous n’avons gardé que onze ou douze joueurs de l’équipe première, très peu recruté, et nous avons un super duo d’entraîneurs, Guillaume Balagué, qui vient des féminines du TFC, et Anthony Laffont, qui était auparavant sur l’équipe réserve.
Depuis le début de la saison, nous n’avons concédé qu’une seule défaite en championnat, à Foix, trois occasions, trois buts, et une autre en coupe de France ».
– Si l’équipe première parvient à monter en R1, ce sera encore historique, non ?
«Oui, ce sera la première fois. André Leroy vous dira que nous avons terminé deux fois deuxièmes en PH, à une époque où la DHR n’existait pas, mais nous ne sommes jamais montés en DH.
Nous avons connu la DHR pour la première fois en 2007 et, depuis 2017, nous ne sommes plus redescendus. A ce niveau-là, on parle beaucoup d’argent, déjà, mais nous, nous n’en donnons pas.
A une époque, il était difficile de fidéliser les joueurs, surtout les jeunes, nous nous sommes d’ailleurs faits dépouiller par les gros clubs toulousains de deux générations de U13 à deux ans d’écart.
Aujourd’hui, on limite et on voit que ceux qui sont partis ont presque tous arrêté le foot,
parce qu’ils ne jouent pas, ailleurs.
Ici, ce qui fait fonctionner le club, c’est l’esprit de famille, les troisièmes mi-temps. On mange tous ensemble le soir après les matches, les joueurs sont ici pour se faire plaisir alors qu’ils paient, tous, leur licence. Si recrutement il y a, c’est d’abord la mentalité qui est examinée. On sélectionne, parce qu’on a vu et qu’on ne veut plus donner».
– Si vous n’avez pas d’argent, comment faites vous pour faire vivre ensemble plus de 500 licenciés ?
«Pas de secret, le partenariat et la mairie. Celle-ci nous donne environ 20 % de notre budget qui est très petit, et le reste, on va le chercher».
– Vous êtes à la tête du club depuis quand ?
«Depuis 1996. Le club a connu deux grandes crises, en 1987 et en 1996. Cette année-là, on s’est retrouvés avec trois joueurs pour l’équipe première, et presque plus de dirigeants. On s’est retrouvés avec Paul Correia président tous les deux, pendant une saison, J’ai été joueur, entraîneur et président en même temps ! Et je suis toujours président, 22 ans après».
– Où avez-vous joué en dehors de Saint-Orens ?
«Chez les jeunes, à Mondonville. Mais surtout à l’ASPTT Colomiers. J’étais gardien de but, à 17 ans, j’ai joué en équipe première avec un double surclassement. A 30 ans, on m’a fait comprendre que je n’avais plus le niveau, j’ai alors joué défenseur central et j’ai même été sélectionné dans l’équipe du district.
Mais comme je travaillais dans ma boucherie à Saint-Orens, je suis venu ici, à 34 ou 35 ans, comme entraîneur-joueur, on était en 1re série, on est montés en PH en trois ans, rien qu’avec des jeunes».
– Quelle est votre plus grande fierté, votre meilleur souvenir ?
«De voir le Saint Orens FC comme ça, à ce niveau-là, structuré, solide, là où il en est arrivé aujourd’hui. On a par exemple obtenu en 2017, le label Jeunes d’Excellence. C’est un club qui est passé de la dérive à la reconnaissance.
La locomotive, c’est l’équipe première. Mais, comme dit André Leroy, s’il n’y a pas de wagons, il n’y a pas de voyageurs ! A Saint O, nous sommes tous des copains, pas toujours d’accord, mais d’abord des copains. Et ça… » Recueilli par Patrick Boudreault
Un peu d’histoire
Le football est né à Saint-Orens de Gamevile en 1964, quand de jeunes adultes de la commune jouent des matches par ci, par là, avant de s’engager en championnat FSGT. L’équipe sera championne trois années consécutives, en 1967, 1968 et 1969, en jouant sur un pré de la rue Taparot, prêté par Marceau Dupin qui deviendra président et dont il ne reste que les chênes où les joueurs et spectateurs mettaient leurs voitures à l’ombre.
Le club s’affile alors à la FFF, au sein du district de Toulouse. La municipalité et son maire emblématique, Gustave Plantade, acquièrent le domaine où se situe le superbe complexe actuel. C’est le fameux « terrain en pente », qui a(vait) la même déclivité que l’actuelle rue des Sports !
En un septennat, de 1969 à 1976, l’équipe dirigée par François Escaig franchit tous les niveaux, jusqu’à la Promotion de Ligue, signant en 1975-76 un doublé départemental coupe-championnat.
Après avoir atteint la Promotion d’Honneur, la Jeunesse Sportive de Saint-Orens, aux couleurs rouge et noir, affronte les montées et les descentes, mais se stabilise au niveau régional depuis 1992, sans aucune interruption.
La première équipe de jeunes, des cadets, date de 1971, et l’école de football est créée la saison suivante, par André Leroy et Jean Péral.
C’est en 2000 que le club prend son nom actuel, Saint-Orens FC, après la dissolution du club omnisports.
En 2007, le SOFC monte pour la première fois en DHR, l’actuel Régional 2, le plus haut niveau jamais atteint par le club. Au gré des descentes et remontées, il reviendra à ce niveau en 2013 et 2017.
Aujourd’hui, le Saint Orens Football Club est un des plus gros clubs du secteur Midi- Pyrénées, il compte 524 licenciés répartis en 24 équipes, des U7 aux vétérans, 41 dirigeants et 7 dirigeantes, et vient de relancer une section féminine qui avait disparu au début des années 90, mais qui a aujourd’hui deux équipes, en U11 et U13, et compte bien avoir des seniors dès la saison prochaine.
Texte écrit par Patrick Boudreault
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