
Portrait du mois : Axelle Girard
Publié le 17/03/2025
« Il y a encore beaucoup du chemin à parcourir pour normaliser la place des femmes dans le monde du coaching »
Tombée dans la marmite du football dès son plus jeune âge, Axelle Girard est l’une des rares femmes, diplômée du BMF, à avoir coaché des équipes masculines en Occitanie. A l’occasion de la journée internationale des droits des femme le 8 mars, nous avons échangé sur le monde, encore très masculin, des bancs de touche. Par Morgane Leclercq
Un mot sur ton parcours qui détonne au sein de l’Occitanie ?
Si j’ai arpenté un terrain de foot dès mes 3 ans en accompagnant mon père et mon frère, je n’ai joué que tardivement en raison de soucis de santé où je n’avais absolument pas le droit de faire du sport. Quand, à 21-22 ans j’ai enfin pu chausser des crampons, j’ai entamé une courte carrière de joueuse notamment à Narbonne où l’équipe 1 masculine était en N3 (CFA2 à l’époque ndlr). Un joueur avec qui je m’entendais bien coachait des jeunes et m’a proposée de l’accompagner sur un tournoi dans l’encadrement de jeunes. Et me voilà prise dans le tourbillon du coaching. En plusieurs années j’ai autant encadré des U11, des U15, des féminines que des équipes senior masculines. Quant à ma carrière de joueuse, elle a pris fin avec une fissure du ménisque. J’ai vaguement repris un temps à Béziers mais avec bien trop d’appréhension et j’étais déjà piqué par le virus de l’encadrement.
Tu n’as pas eu d’appréhension à prendre en charge des équipes sénior hommes ?
Absolument, et au contraire c’est même ce que je préfère. Mais surtout c’est une question qu’on ne poserait justement pas à un homme diplômé d’un BMF qui entrainerait des équipes féminines alors que l’inverse n’est pas du tout rentrer dans les moeurs encore…. Comme s’il fallait prouver deux fois sa valeur. Et le plus paradoxal c’est que les freins ne viennent pas des joueurs qui respectent la fonction avant tout, mais plutôt des clubs et des dirigeants eux-mêmes.
C’est-à-dire ils ne sont pas prêts à transmettre les rennes d’une équipe masculine à une femme ?
Heureusement certains oui, sinon je n’aurais pas pu justement en faire l’expérience. Mais cela reste malheureusement à la marge. Si une femme est diplômée et investit dans le coaching, on a tendance, de facto, à la cantonner à l’administratif, l’encadrement des jeunes, ou aux féminines uniquement. Encore aujourd’hui on me contacte très régulièrement en ne me parlant que des féminines alors que je rêve de coacher à nouveau une équipe masculine, cela a été mes meilleures saisons comme à Gruissan en R3 où nous étions trois à les encadrer.
Cela parait fou surtout quand on sait parfois le casse-tête que la recherche de coach peut être pour les clubs….
Oui c’est un tout, on est encore peut-être trop peu de femmes déjà à oser l’aventure. Par exemple dans le cadre de ma licence «management du sport », j’étais la seule fille à être impliquée dans le coaching d’un sport collectif. J’étais la seule femme de l’Aude (je suis maintenant en Haute-Garonne) à avoir un BMF. En national nous sommes, je crois, seulement 2500 femmes « entraineurs ». Donc pour l’instant cela parait à chaque « exceptionnel ». Il y a encore bien du chemin à parcourir pour normaliser la place des femmes dans le monde du coaching, même si déjà, depuis mes débuts, le football s’est davantage ouvert. Dans un monde idéal, seul le diplôme devrait compter pour coacher et non si c’est un homme ou une femme derrière. On vient chercher un savoir-faire, point à la ligne.
Un objectif pour la saison à venir ?
Passer mon BEF pour monter encore davantage les échelons et pouvoir coacher jusqu’à une R1 garçons. Et je lance une bouteille à la mer je cherche aussi un club prêt à m’accompagner, à me faire confiance sur l’encadrement d’équipes masculines. Je n’ai pas envie de voir mon rêve au rabais même si parfois les obstacles sur la route peuvent être épuisants. Mon entourage me soutient et m’aide énormément à continuer à y croire.
Pour contacter Axelle Girard : axellekmeleon@gmail.com