Portrait du mois : Louna Lacan

Publié le 14/11/2025

« Le temps n’attend personne » …surtout pas Louna Lacan qui court même devant lui, en étant l’une des plus jeunes femmes diplômées en Occitanie avec, à son palmarès : un BMF, un BEF et un CEAD (spécialité défenseurs). Depuis plusieurs années, elle est responsable de la préformation féminine à Montpellier, une longévité qui ne doit rien au hasard.
 
Par Morgane Leclercq 
 
Un petit mot sur ton parcours assez exceptionnel côté formation ? 
Au départ, j’étais simplement joueuse à Rodez, où j’ai joué plus de 10 ans. Autour de la première  année au lycée, j’ai été plutôt absente pour des raisons de santé et j’avais conscience de ne pas avoir forcément le niveau pour en faire un levier d’avenir. J’ai postulé pour différents cursus universitaire et notamment dans le DEUST AGAPS option Football. Mon ambition et les opportunités m’ont amenée à me retrouver en entretien avec Jean Louis Saez (directeur sportif du MSHC Féminin et à l’époque coach équipe 1). L’entretien dure 10 à 15 min, et je lui présente tout un projet sur l’école de foot…et hop, je suis prise en stage. 
 
C’est là que tu as mis le pieds à l’étrier ? 
Complètement ! Dès la première année pour compenser des absences j’ai géré entre 2 et 3 équipes, la seconde année je suis partie sur les U15, en parallèle du DEUST, je me suis aussi lancée, en financement perso, dans le BMF. Certains me prenaient pour une dingue de tout mener de front. Nous étions que deux filles au BMF… Et j’ai enchainé avec, à seulement 19 ans, la volonté de passer le BE, le club s’est alors engagé à me salarier si j’étais prise. Ça a été une expérience incroyable car je l’ai passé en même temps que d’anciens joueurs pro de Montpellier comme Souleymane Camara. 
 
Justement, cela n’a jamais été un frein d’être une exception féminine dans un milieu masculin ? 
Non d’abord parce que j’ai un fort caractère mais parce qu’en plus, avec le bagage de la formation, l’aptitude n’est pas remise en question. En revanche, le frein que je sens encore énormément c’est l’âge. Où avec l’écart d’âge justement, certains sont très ancrés dans des convictions ou regardent encore avec inquiétude toute innovation. Or, je suis personnellement beaucoup dans la recherche d’innovation.  
 
Et c’est volontaire dans ton parcours de rester centrée sur la préformation et uniquement féminine ? 
Oui d’abord par la pertinence du réseau au sens où c’est toujours dans le football féminin que j’ai évolué et où surtout on m’a donné la chance de pouvoir aller observer ce qui se faisait ailleurs dans le monde pro avec des stages à Lyon ou Paris. Ensuite, la préformation, je trouve que c’est la catégorie où il y a le plus d’échange avec les joueuses avec une vraie différence d’un point de vue technique mais aussi en termes d’état d’esprit. Ce qui est gratifiant c’est de voir le nombre important de joueuses qui montent en centre de formation.
 
As-tu d’ailleurs observé une évolution du football féminin au sens où il se serait davantage professionnalisé ? 
Oui et ça fait plaisir notamment avec la création de centre de formation ou encore le pôle espoirs qui démarre plus tôt. On assiste aussi à la mise en place d’un véritable cahier des charges, du salariat, de diplômes attendus… Bref une semi-professionnalisation qui permet d’apporter plus d’expertise, et de qualité, et ce de plus en plus tôt. Maintenant sur les journées de recrutement, j’ai vraiment 30 joueuses qualitatives et ce sont les 10 meilleures qui ressortent, là où auparavant c’était très hétérogène. 
 
A ton sens, qu’est-ce qu’il manque encore pour passer un cap ? 
La médiatisation, avec une retransmission plus systématique, et à terme l’arrivée de droits TV et donc plus d’investissements aussi. On continue d’être assez peu mises en avant en D1, sans parler de la D2, ou D3 où les joueuses doivent travailler en plus de leur investissement en club. D’autres pays y arrivent très bien, il n’y a pas de raison !  

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